Projets soutenus

Teindre la soie ne donne pas le même résultat selon l’espèce qui produit la substance soyeuse. Les soies dites « sauvages », secrétées par de multiples espèces, sont généralement plus difficiles à teindre que la soie « domestique » du Bombyx mori, sans que les raisons ne soient bien comprises. En l’occurrence, les interactions et les réactions physico-chimiques intervenant entre les composants des soies sauvages (protéines, oxalate de calcium, dérivés phénoliques), d’une part, et les constituants de la teinture (colorants et mordants), d’autre part, sont mal connues ; ceci, non seulement au cours du processus de teinture, mais aussi ultérieurement, lors de la conservation des textiles. Plusieurs études sur la soie du Bombyx mori ont en effet montré que certains mordants dégradent progressivement les fibres et tissus de soie, en diminuant leur résistance mécanique.

Ce projet de recherche vise ainsi de manière novatrice à mieux comprendre les processus de teinture des soies sauvages et les phénomènes de dégradation des fibres colorées avec le temps. L’étude de ce champ encore inexploré permettra d’obtenir des indices précieux, à la fois pour l’histoire de l’art et des techniques de ces textiles, et pour leur conservation-restauration. Afin de le mener à bien, divers échantillons de cocons et d’écheveaux de soies sauvages seront préparés et teints dans les mêmes conditions (pH, concentration) pour chacun des colorants et mordants appliqués, puis seront vieillis artificiellement pour une étude approfondie des mécanismes de dégradation. Tandis que les variations de couleurs et de résistance mécanique seront mesurées par colorimétrie et par des essais de traction, les interactions et réactions entre les échantillons de soie et les constituants des teintures appliquées seront caractérisées par spectroscopies IRTF, Raman et RMN du solide. Les résultats obtenus sur les échantillons de laboratoire vieillis seront comparés à des analyses non-destructives (IRTF) réalisées sur des tissus patrimoniaux.